Yoan De Macedo [ Web & Ecologie ]

La découverte d'Internet

C'est à 4 ans que j'ai commencé à m'intéresser à l'informatique. J'accompagnais mes parents qui partaient à la quête d'un magnétoscope.
Je suis resté scotché devant un Thomson MO6. C'était la première fois que je voyais un ordinateur.
Mes parents ont craqué, ils sont repartis sans ce qu'ils étaient venus chercher mais avec cette étrange machine.

Tout a démarré bien sûr par le jeu. A cet âge là, lorsqu'on ne sait pas lire, difficile d'aller plus loin.
J'ai toutefois commencé à apprivoiser la bête et d'après ce qu'on m'a raconté, ça me plaisait beaucoup.

Puis, quelques années plus tard, après l'acquisition de la lecture, j'a commencé à recopier les listings en langage Basic du manuel utilisateur. Souvent, au moment de lancer le programme, ça plantait. Les listings étaient-ils erronés ? Omettais-je quelque chose ?
Mais, parfois, ça fonctionnait et la machine s'animait. Waouh ! Avec persévérance j'ai pu commencer à comprendre quelques bribes de cette nouvelle langue qui offrait plein de perspectives.

Puis, un Amstrad CPC 6128+ est venu remplacer ce Thomson que j'ai vu partir tout de même avec un petit pincement au coeur.
Avec mon nouvel ordinateur, je me suis vraiment mis à apprendre le langage Basic, toujours à l'aide de manuels mais aussi en acquérant régulièrement le magazine Amstrad 100%. Apprentissage des variables, des conditions, des boucles et codage de divers petits programmes plus ou moins intéressants. Un jour, j'ai pu récupérer une vielle imprimante mais je n'avais aucun logiciel de traitement de texte. Alors, j'ai bricolé quelque chose pour pouvoir imprimer avec. J'ai vraiment passer beaucoup de temps devant cet Amstrad et j'en garde d'excellents souvenirs. Mais les limites étaient là. Comment apprendre davantage avec un accès à une documentation limitée et sans connaître quelqu'un de plus expérimenté ?

Les années passaient et je continuais à bricoler dans mon coin avec mon Amstrad. Puis, en classe de 5ème, on m'a offert mon premier PC. Un ordinateur assemblé chez PC Store à Cournon-d'Auvergne. Je peux vous dire que j'en ai fait des passages dans cette boutique à rêver dans les rayons et à discuter avec les techniciens. J'ai continué à apprendre dans mon coin mais il était désormais possible d'échanger avec d'autres copains qui étaient aussi équipés. Les ordinateurs étaient largement plus répandus. Je commençais à lire des choses sur le fameux réseau Internet et sur tout ce qu'il permettait. J'espérais un jour avoir la chance de pouvoir m'y connecter.

En classe de seconde (en 1998), un camarade dont le père dirigeait une entreprise de transport auvergnate disposait d'une connexion Internet chez lui. Lorsqu'il m'a invité à tester, inutile de vous dire que je n'ai pas refusé. Une fois rentré à la maison a commencé un véritable travail de négociation avec mes parents. En gros, l'abonnement valait 100 francs par mois mais il fallait rajouter le coût des communications téléphoniques. De mémoire, 8 francs en heure creuse et le double en heure pleine. En une heure, on ne faisait pas grand chose au rythme du téléchargement des pages et inutile de vous dire que le chiffre pouvait très vite grimper. Mes parents étaient ok pour l'abonnement mais pour le reste beaucoup moins. J'ai promis d'y investir mon argent de poche et de travailler l'été pour pouvoir payer. Ils ont accepté.

J'ai alors pu me rendre chez Neyrial 2 dans le centre de Clermont-Ferrand pour acheter mon modem 33,6k. Je connaissais déjà bien la boutique pour y acquérir régulièrement des disquettes 3" pour mon Amstrad. Si vous comparez une fibre à 8gb (8 Gb = 8000000 Kb), on est sur un petit facteur 240 000. Puis, il fallait ensuite se rendre à La Pardieu, toujours chez Neyrial mais la partie fournisseur d'accès. Valérie (avec qui j'échange toujours de temps en temps) m'a alors remis mes codes d'accès et un pack de disquettes pour ajouter notamment la couche TCP/IP à Windows mais aussi Internet Explorer.
Une fois rentré à la maison, je n'avais plus qu'à installer tout ce que contenait ce pack de disquettes avec l'impatience que vous pouvez imaginer. Puis, le modem s'est mis à ronronner, cette musique caractéristique que tous les internautes de l'époque peuvent encore vous chantonner. Et là, un nouveau monde s'est ouvert à moi.

C'est vraiment ce que j'ai ressenti. Je pouvais alors apprendre pratiquement tout ce que je voulais, échanger avec des gens sur IRC qui pouvaient me partager ce qu'ils savaient. J'avais vraiment du mal à décrocher. Bien sûr, quand j'étais connecté, la ligne téléphonique était occupée. J'avais des heures à respecter mais ... Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai entendu ma mère crier lorsqu'elle décrochait le téléphone et qu'un son strident agressait son oreille. Et, à chaque fois, ma connexion plantait. Il fallait donc se reconnecter à nouveau, attendre encore.

La programmation était toujours un domaine qui me passionnait et je me suis naturellement intéressé aux sites web. J'ai donc appris le HTML et j'ai réalisé mon petit site perso que je transmettais à Auguste (avec qui je suis toujours en contact aussi) chez Neyrial par email. Un zip que je lui envoyais à chaque fois que je faisais évoluer mes pages. Et ... c'était très souvent. Désolé Auguste.
Je me suis ensuite passioné pour le langage PHP lorsqu'il a fait son apparition. Au fil du temps, j'ai fait de cette passion un métier.

J'ai une certaine nostalgie du web de cette époque car on ressentait davantage de bienveillance (même si les trucs tordus existaient malheureusement déjà). Le partage faisait partie de l'ADN de ce réseau et son côté décentralisé était vraiment présent.
Bien sûr, ce web existe toujours aujourd'hui mais les énormes plateformes qu'on connait tous ont tendance à le masquer et c'est bien dommage. La plupart des utilisateurs se sont enfermés malgré eux dans une partie du web qui parait peut-être gigantesque mais qui est finalement bien minuscule et, souvent, les pépites sont ailleurs.

Mais ce n'est pas une fatalité. Chacun peut s'approprier cet espace et le construire comme il le souhaite.
C'est pour cette raison qu'il est important de comprendre comment ça fonctionne, de mettre les mains dans le cambouis. Si vous n'êtes pas familier avec la technique alors j'espère vous avoir donné envie d'apprendre.
Je n'oublie pas non plus mon attachement à la sobriété numérique (dont j'ignorais complètement la nécessité à l'époque).
Je pense sincèrement que si tout le monde maitrisait davantage les rouages du numérique alors tendre vers cette sobriété serait beaucoup plus facile.

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