"Le PIB de la France s’effondre. La pire performance trimestrielle depuis 1945."
Voilà la phrase qui m'a poussée à écrire ce petit billet.
On lit ça un peu partout en ce moment. J'ai envie de crier : ET ALORS ?
Bon, c'est volontairement provocateur. Je vais vous en dire davantage.
Tout d'abord, pour pas mal de gens, j'imagine que ce n'est pas ce qui arrive de plus grave. Je pense aux malades, à leurs familles, aux soignants, qui ne doivent pas avoir beaucoup de temps pour penser au PIB.
Ensuite, je ne me minimise pas les conséquences économiques qui sont bien tangibles : de grosses difficultés pour les entreprises, pour l'emploi, et au final des gens qui souffrent ou vont souffrir. C'est dramatique et j'espère vraiment que la solidarité sera au rendez-vous. Puis, par ricochet tout le monde sera plus ou moins touché. Je ne cherche pas à minimiser tout ça, au contaire. Si je pense à ma situation personnelle, pour l'instant j'ai du travail, mais je n'ai aucune idée de ce qui pourrait se passer dans quelques mois. Je ne suis pas spécialement serein en y pensant.
Toutefois, c'est peut-être ENFIN l'occasion de tout remettre à plat, d'arrêter de vénérer ces indicateurs et d'en mettre d'autres en avant. Est-ce que le développement de ce PIB est vraiment si important ? Ne pourrait-on pas inventer un autre modèle de société, serein, où tout le monde trouverait sa place et vivrait convenablement ? Bien sûr, dit comme ça, on pourrait imaginer un monde merveilleux. Pourtant, je pense que c'est possible. C'est "nous" qui avons créé la société actuelle, avec ses règles. C'est "nous" qui avons choisi les indicateurs, son fonctionnement.
On aurait pu en choisir d'autres et nous pouvons devons le faire. La bonne santé d'une société peut-elle se résumer à son PIB ? Lorsque toute la biodiversité sera détruite, qu'on manquera d'eau, que les cultures grilleront sous le soleil, chercherons-nous encore un petit point de PIB supplémentaire ?
Alors, on entend déjà qu'il faudrait travailler plus après le déconfinement pour tenter de sauver quelques points de croissance. Je ne suis pas contre le fait de travailler plus mais pour cet objectif, bof. Travailler plus pour aider à construire un monde nouveau, oui. Pour le reste ...
Alors oui, cette transformation est complexe et demandera du temps. Mais quelle perspective enthousiasmante !
De nouveaux métiers à créer, d'autres indicateurs de valeur à pousser. Mais, bien sûr, celle-ci passera aussi par la disparation de certains métiers, une baisse drastique du chiffre d'affaires pour d'autres.
Si cette transition n'accompagne pas ceux qui devront changer d'activité, faire évoluer leur entreprise, c'est perdu d'avance. Si mon métier disparait demain et que je n'ai aucune alternative, je ne pense pas afficher un large sourire.
Remettons le revenu universel sur la table (ou d'autres alternatives), formons davantage, réfléchissons tous ensemble.