Comme l'explique très bien l'historien Yuval Noah Harari dans ses ouvrages, c'est probablement la formidable capacité d'abstraction de l'Homme qui le distingue des autres espèces. C'est celle-ci qui nous a permis de nous organiser, de nous développer, d'inventer sans cesse.
En effet, nous sommes capables de créer des concepts au-delà de leur existence matérielle. Qu'est ce qu'une SARL, un parti politique, un contrat de travail ? Tout ça n'existe pas. Pourtant de nombreux contrats, lois, règles régissent notre vie quotidienne. Ces concepts abstraits sont très puissants puisqu'ils nous permettent tout simplement d'intérargir tous ensemble à des niveaux élevés.
Vous devez vous demander où je veux en venir ... Un de ces concepts est l'argent. Pourquoi un morceau de papier pourrait valoir 20 euros, 100 euros, 500 euros. Pourquoi un enregistrement dans une base de données peut vous rendre riche ... ou pas ? Tout simplement parce qu'on a décidé d'y croire et que l'ensemble de la société y croit. C'est assez marrant de voir les choses comme ça je trouve. On se rend compte que beaucoup d'éléments qui nous entourent ne sont finalement qu'une vue de l'esprit et qu'il suffit que tout le monde décide de les voir différemment pour qu'ils changent.
Je ne sais pas si vous avez écouté Aurélien Barrau dans les médias. Personnellement, j'aime beaucoup la façon dont il parle du monde et de l'écologie. Il est souvent critiqué mais son discours est pourtant plein de bon sens. Indirectement, une partie de ce qu'il dit est lié à ce que je viens de décrire plus haut. Avoir une grosse berline, des vêtements de luxe est un rêve pour beaucoup monde. Pourquoi ? Parce que ces produits sont considérés comme une preuve de réussite, de statut social liés à l'argent. Argent qui est lui-même un concept abstrait. Quand on y réfléchit 2 secondes, c'est assez dingue non ?
Au contraire, le climat est bien concret et les conséquences du réchauffement sont bien visibles et difficiles pour beaucoup. Pourtant, c'est un sujet qui semble passer au second plan, bien après la consommation.
Viser le confort, on peut le comprendre aisément. Manger à sa faim, avoir un toît sur la tête, il parait tout à fait normal de le vouloir (et malheureusement, ce n'est pas le cas pour tous). Avoir la chance de vivre avec un confort plus important (meilleure nourriture, un canapé confortable, etc), là aussi, il parait légitime de le souhaiter. Mais, à partir d'un certain niveau, on est plus dans un besoin "physique nécessaire" mais à un niveau d'abstraction qui, lorsqu'on l'observe avec un peu de recul, n'est pas vraiment utile si ce n'est pour flatter son égo ou se faire remarquer (ce qui revient un peu au même).
Si on suit le raisonnement d'Aurélien tel que je l'ai compris, il "suffirait" de modifier notre vision du monde pour changer ces concepts. Si demain, conduire une grosse berline ou s'habiller avec des vêtements de luxe devenait aussi ringard que le couple sandale/chaussette alors les comportements changeraient dans la foulée. Et pourquoi pas ?