Monsieur le député,
Je me permets de vous écrire comme simple citoyen, pour vous faire part de mon inquiétude face à la passivité du monde politique alors que nous vivons la crise la plus importante de notre histoire. Je pense au changement climatique mais aussi au déclin de la biodiversité.
Bien entendu, nous ne pouvons pas dire que rien est fait. Mais, face à l'urgence de la situation et à son ampleur, les mesures prises sont bien souvent trop anecdotiques. Et malheureusement, régulièrement, lorsqu'une bonne mesure est adoptée, d'autres allant dans le mauvais sens le sont aussi.
Comme beaucoup, je suis extrêmement préoccupé par l'avenir du monde. Cette inquiétude est étayée par un consensus de scientifiques d'experts qui alertent depuis plusieurs décennies. Si vous ne l'avez pas encore fait, je vous invite à lire le résumé du dernier rapport du GIEC. Arrêtons de prendre les écologistes pour des oiseaux de mauvais augure et de les caricaturer comme des décroissants souhaitant retourner à l'âge de pierre. Non, ils s'inquiètent pour leur survie, celle de leurs enfants, des espèces animales et végétales. N'est-ce pas légitime ?
Comment espérer une société prospère, la sécurité, le pouvoir d'achat dans un monde chaotique ? C'est une chimère, une pensée magique. Toutes les décisions, sur l'ensemble des sujets, devraient être prises à la lumière de leurs conséquences environnementales.
La technologie peut nous aider dans cette transition mais elle ne suffira pas. C'est une grave erreur, je pense (et je ne suis pas le seul), de miser exclusivement sur des technologies parfois balbutiantes ou impressionnantes au point de vue expérimentales mais qui montrent leurs limites lorsqu'il faut les imaginer à l'échelle nécessaire. Bien souvent, le problème est déplacé et il faut extraire d'autres ressources en quantité encore plus abondantes. Pire encore : espérer qu'une technologie salvatrice arrivera demain et fermer les yeux en attendant, en espérant ... Parier la survie de l'humanité là dessus est-il vraiment sérieux ? La technologie doit être une aide mais elle ne suffira pas.
La sobriété ne doit plus être un mot tabou. Oui, nous devons revoir profondément nos modes de vie, notre façon de consommer, de nous alimenter, de nous déplacer. C'est compliqué et je comprends les peurs. Mais avons-nous vraiment le choix ? Cette consommation effrénée est une parenthèse de l'histoire humaine. Elle n'est tout simplement plus possible sur une planète aux ressources limitées. En un temps ridicule à l'échelle de l'humanité, nous avons dépassé la plupart des limites planétaires. Mais, nous avons aussi amélioré considérablement notre confort. Je ne suis pas nostalgique de la qualité de vie de nos ancêtres. La vie est bien plus douce aujourd'hui (mais pour une partie des êtres humains seulement ...). Toutefois, nous n'avons pas su nous imposer les limites nécessaires et il est temps d'y remédier. Que nous le fassions délibérément ou pas, le ralentissement se fera. S'il est anticipé, réfléchi, la transition se passera beaucoup plus calmement que si elle est subie.
N'oublions pas non plus la justice sociale, indispensable à la réussite de ce changement. Ne mettons pas le poids de cette transition sur le dos de ceux qui n'ont pas les moyens, qui souffrent déjà. Chacun, à son échelle, doit participer. L'accompagnement des plus fragiles est une priorité.
Quoi qu'on fasse, le réchauffement climatique est en cours. Même si demain nous n'émettions plus un gramme de CO2, nous subirions tout de même les effets du réchauffement pendant très longtemps. Nous pouvons toutefois le limiter en atteignant la neutralité carbone. Un monde à +1.5 °C sera très différent d'un monde à +3 °C. Nous devons donc impérativement en parallèle de la baisse des émissions, nous préparer aux difficultés à venir. L'agriculture doit évoluer, l’urbanisme doit être repensé. Mais nous devons aussi nous préparer à des évènements climatiques intenses plus fréquents : vagues de chaleur, tempêtes, inondations ... Les risques d'incendies seront potentiellement accrus. Là aussi, il y a énormément à faire et les choix politiques sont importants. N'oublions pas non plus les pays du sud qui souffriront davantage (et qui vivent déjà les conséquences dramatiques de ce réchauffement climatique) alors qu’ils sont peu responsables de celui-ci et n'ont pas la chance de jouir de notre niveau de vie.
Je compte sur vous pour prendre à bras le corps ce sujet pour notre avenir à tous et pour les générations futures. La France est un pays important. Nous pouvons ouvrir la voie et montrer l'exemple.
Merci d'avoir pris le temps de lire mon modeste message. J'espère avoir fait le bon choix en vous accordant mon vote. Je vous souhaite bon courage pour votre mandat que je manquerai pas de suivre avec intérêt.
Sincères salutations.
Yoan De Macedo.