Chaque jour (ou presque), je pense à l'état de notre planète, au réchauffement climatique, à ce qui nous attend si nous ne bougeons pas vite et fort. J'imagine que nous sommes bien nombreux dans le même cas. J'en parle avec ma femme, à mon petit, lors des réunions de famille, avec les amis, au risque de devenir rabat-joie. Je pense que c'est en transmettant ce que j'apprends au fil de mes réflexions, de mes lectures que je pourrais convaincre quelqu'un de s'intéresser davantage au sujet pour qu'il découvre à son tour la situation et en faire ce qu'il souhaite.
Même si nous savons tous ou presque (les sceptiques restent nombreux) que quelque chose cloche, nous n'en sommes pas à la même étape dans la prise de conscience. Je pense que beaucoup croient encore que la technologie nous sauvera, que la situation n'est pas si dramatique. Je pense que quelques années auparavant j'aurai pu être dans ce cas. Je n'y crois absolument plus. J'aime la technlogie mais j'ai bien compris qu'elle n'est pas toute puissante. Nos créations matérielles portent bien leur nom. A un moment où un autre, il faut extraire quelque chose du sol, ponctionner la nature. Au rythme auquel nous allons et avec l'accroissement de la population mondiale, ce n'est tout simplement pas possible de poursuivre ainsi. Nous le voyons déjà très clairement. On peut toujours espérer une technologie incroyable, la véritable disruption mais, pour moi, c'est un peu comme espérer gagner au loto. C'est théoriquement possible mais la probabilité est telle que parier sa vie et celle des générations futures dessus n'est vraiment pas sérieux.
Pour parvenir rapidement à diminuer notre emprunte carbone sans tout miser sur ce miracle technologique, on peut tourner les choses dans tous les sens, le renoncement semble être une solution très efficace.
Je ne m'en réjouis pas. On recherche tous le confort et ce n'est pas forcément "excitant" d'y renoncer en partie.
Nous avons vécu une période de confort extrême et celui-ci ne semble pas compatible avec les ressources disponibles. On peut continuer à croire le contraire, continuer et même accélerer. Pendant ce temps, celles-ci s'amenuisent encore.
A contrario, le renoncement n'est pas obligatoirement synonyme de tristesse, de manque. A nous d'en retirer le côté positif.
Prenons l'exemple de l'avion, souvent cité. Le tourisme tel que nous le pratiquons en avion n'est pas soutenable. On peut tout simplement renoncer. Si je prends mon cas (je suis loin d'être parfait), j'ai décidé d'abandonner l'idée de reprendre l'avion. Je prévois quelques exceptions, on se sait jamais ... :
Pourtant, j'aime voyager. Avant d'avoir ouvert les yeux sur tout ça, j'ai voyagé en avion. J'aimerais retourner en Islande (j'adore ce pays) ou visiter l'Asie. Mais, je pense que pour le bien de tous, des générations futures, il faut y renoncer. Pourtant, je suis tout à fait d'accord pour dire que l'aviation est une formidable invention.
Jusque là, nous avons innové et mis sur le même plan innovation et progrès. Je pense que c'est une erreur. Innovation et progrès ne vont pas toujours de pair.
Il n'est pas toujours bon de créer quelque chose de nouveau même s'il apporte encore plus de confort. Nous devrions projeter cette innovation dans le future, prendre en compte l'ensemble de son impact écologique et renoncer si ce n'est pas soutenable.
Malheureusement, nous n'avons pas ce recul. On pourrait aussi décider collectivement d'une durée de péremption. Une innovation pourrait nous être utile pendant un temps donné même si son impact environnemental n'est pas parfait si le service rendu est très important puis abandonnée. C'est une nouvelle façon de penser.
Je suis tout à fait conscient des conséquences du renoncement sur l'économie, l'emploi, qui sont bien entendu très importantes. Il est indispensable d'accompagner vers de nouveaux métiers à travers la formation, partager davantage les richesses. Ne rien changer aurait des conséquences encore bien pires (et c'est peu dire).
Pour moi, le renoncement n'est pas forcément corrélé à l'envie de renoncer. Nous n'avons tout simplement plus le choix.
Un diabétique qui continue à manger du sucre à outrance sait très bien ce qui arrivera à terme.
La grande différence ici, c'est que le choix est en partie individuel mais les conséquences ne le sont pas. Si je reprends mon exemple précédent, le choix de la personne aura des conséquences sur sa propre santé, son confort de vie.
Le réchauffement climatique, la baisse de la biodiversité nous touche (ou nous touchera) tous. Il est donc indispensable de penser et d'agir collectivement et c'est bien la plus grande difficulté.