Yoan De Macedo [ Web & Ecologie ]

Suite de mes cogitations sur l'impact de l'IA

(Tous les chiffres utilisés dans ce billet sont des estimations que j'ai pu trouver en ligne. Ils ne doivent pas être considérés comme juste. Il n'est pas possible aujourd'hui d'obtenir des éléments précis. Le but ici est de lancer une réflexion.)

J'ai déjà écrit plusieurs billets sur ce sujet qui continue à me questionner. Je continue de prendre ChatGPT comme exemple car c'est un outil désormais très utilisé et, il faut le dire, avec des résultats assez bluffants. Après l'avoir testé comme "tout le monde" avec des requêtes diverses et variées, j'ai expérimenté l'outil dans le cadre de mon activité professionnelle : le développement web.

Plusieurs fois, ChatGPT m'a fait gagner du temps, pas mal de temps. Mais, à chaque fois, mon côté "sobre" me demandait si l'impact environnemental de mes quelques requêtes en valait la peine ? Cette question me taraude toujours.

Je suis tombé sur ce nouvel article après quelques recherches.

L'auteur estime la consommation d'une requête entre 0,00198 kWh et 0,00396 kWh. J'avais trouvé une estimation à 0,183 kWh pour 20 pages de texte. C'est finalement assez peu. Toutes ces estimations sont difficilement vérifiables mais, faute de mieux, on peut déjà réfléchir avec. J'insiste là dessus car on ne peut pas écrire quelque chose de suffisamment précis sur le sujet et c'est bien dommage. Il est important de pouvoir mesurer l'impact de chaque outil pour faire les bons choix. Il faut donc lire la suite de ce billet avec toutes les pincettes nécessaires. C'est l'idée générale que je souhaite mettre en avant.

Bien sûr, il ne faut pas oublier l'étape d'entraînement du modèle qui avait été estimée par certains à la consommation annuelle électrique de 126 foyers danois (pour une session d'apprentissage). Si on divise ça par le nombre de requêtes auxquelles ChatGPT a répondu, on pourrait se dire que ce n'est pas si énorme rapporté à la requête. Mais, ça reste une consommation très importante.

C'est une nouvelle consommation d'énergie, qui n'existait pas auparavant. Nous sommes clairement à un moment clé où nous devons faire preuve de sobriété, consommer moins d'énergie, de ressources, etc. Que penser de la soutenabilité de tels outils ? N'oublions pas aussi l'impact de tout le matériel nécessaire (réduire à la consommation d'énergie simplifie le processus mais c'est loin d'être suffisant).

Indéniablement, ces outils sont pratiques, bluffants et utiles. Je suis informaticien et je mentirais si je vous disais qu'un tel outil ne m'intéressait pas. Bien utilisé, j'ai pu voir ce qu'on pouvait en tirer. C'est impressionnant. Mais, ce qui m'intéresse encore plus, c'est que le service rendu soit écologiquement soutenable.

L'intérêt d'une telle IA, pour moi, c'est de gagner du temps d'une part, d'automatiser des tâches fastidieuses d'autre part.
Dans les deux cas, c'est finalement un gain de temps.

Que faire de ce temps gagné ?

Comme je le disais dans mon précédent billet, si le but est de produire plus, je ne pense pas que ce soit positif sauf si cette production supplémentaire a un impact allant dans le bon sens (décarboner la société, dépolluer, grande utilité sociale). Sinon, on risque simplement d'aggraver encore la situation.

Me concernant, ce temps gagné sur une journée de travail doit être compensé sinon il me permettrait simplement de produire plus (voir paragraphe précédent) ou d'avoir davantage de temps libre (mais en faisant payer ce coût à l'environnement).

Pour moi, il faut donc impérativement que ce gain de temps soit compensé soit en énergie économisée, soit en utilisant ce temps libre pour aider à l'amélioration de l'environnement (jardinage, cuisine saine, etc), soit pour aider la société (bénévolat par exemple). Sinon, je considère que c'est un gain de temps au détriment de notre environnement.

Je trouve tout à fait acceptable l'idée d'une consommation non compensée pour une aide sociale importante par exemple : service lié à la santé, aide aux personnes handicapées ...

Je reviens sur la consommation énergétique d'une requête en prenant l'estimation "moyenne" de l'article cité au début de ce billet (0,00297 kWh). Si j'ai besoin de 4 requêtes pour m'aider dans une tâche professionnelle, on arriverait à une consommation de 0,01188 kWh soit 11,88 wH.
La batterie de mon ordinateur portable a une capacité de 49,9 wH et peut tenir environ 10h. Il faut donc que je l'utilise environ 2,3h pour arriver à peu près à la consommation générée pour les 4 requêtes. Bien sûr, l'énergie de l'apprentissage n'est pas comptée (et il le faudrait). Toutefois, elle est mutualisée pour l'ensemble des requêtes de tous les utilisateurs.

Pour "rentabiliser" mes 4 requêtes, il faut donc qu'elles me fassent gagner 2,3h de travail. C'est tout à fait possible pour certaines tâches. Pour d'autres, ce ne sera pas du tout le cas. Je pense donc qu'il est important d'utiliser ce genre d'outil pour les tâches appropriées. Sinon, il vaut mieux que j'utilise mon énergie et mon temps. Bien sûr, c'est dans l'optique où je souhaite limiter l'impact sur l'environnement. Sinon, chaque minute gagnée peut être une minute de loisir bien sûr. Mais, vous l'avez compris, ce n'est pas ma façon de voir les choses.
Prenons le cas où je gagne effectivement 2,3h de travail. Si j'éteins mon ordinateur et que je pars faire une petite marche ou une sieste alors on pourrait dire que l'impact énergétique est équilibré (et j'allonge la durée de vie de mon ordinateur car moins utilisé).
En revanche, si je profite de ces 2,3h pour visionner un film en streaming, je cumule les consommations et l'usure de tout le matériel. Oui, on pourrait dire que je gagne du temps de loisir mais avec des conséquences directes sur l'environnement.

N'oublions pas aussi que des optimisations seront réalisées (et il y en a déjà) donc les consommations vont baisser. Toutefois, le risque, c'est qu'elle soit compensée par le fameux effet rebond (encore davantage d'utilisation). Quelque soit l'optimisation, c'est d'abord nos comportements sur lesquels nous devons agir en essayant au maximum de viser la sobriété. Mais, ça ne veut pas dire refuser l'utilisation de l'IA comme j'ai tenté de le montrer ici.

L'utilisation sérieuse de ces outils est indispensable et je crois qu'il faut diminuer drastiquement les usages "récréatifs" pour se concentrer sur des tâches avec une grande valeur ajoutée et utiliser le temps gagné de la bonne manière. Limiter les sessions d'apprentissage de certaines IA une fois le modèle suffisamment performant est probablement une idée à envisager aussi (mais avec la conséquence d'avoir un outil moins au fait de l'actualité).

Agira-t-on de la sorte ? Je n'en suis pas sûr malheureusement mais je le souhaite.

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